jayden & siobhàn

Être muté à Cork, changer littéralement de vie, partir à l'aventure pour un métier qu'il appréciait n'avait pas été un choix, mais un plaisir tout de même. Changer d'air, il en avait besoin, c'était certain. Il étouffait à Bantry, il ne s'y sentait plus chez lui alors qu'à Cork, il s'était étrangement senti directement comme à la maison. Il avait loué un grand appartement, s'y était installé, avait foutu un bazars monstre, n'avait pas déballé tous ses cartons mais était là depuis déjà plusieurs mois. Il aurait eu toutes les occasions de ranger, mais il en avait pas le courage. Un jour il aurait un coup de boost après avoir bu beaucoup trop de café et il se mettrait à faire tout ce qu'il avait remis bon nombre de fois au lendemain. Parallèlement, le bordel de ces cartons représentait celui de sa tête, le vide dans ce grand appartement celui de son cœur. S'il se sentait bien dans cette ville, c'était parce que sa sœur y était avec lui. Certes, ils n'habitaient pas ensemble mais ils se voyaient dès que l'occasion se présentait, à l'improviste. Ils étaient attachés comme ce n'était pas permis, leur relation était si fusionnelle qu'elle en troublait leurs parents certaines fois. De plus, découvrir une nouvelle ville en même temps, être seuls parmi cette foule d'inconnus les avaient amenés à être plus proches que jamais, histoire de ne pas sombrer dans la déprime face à la solitude. Maëlys s'était, bien évidemment, fait des amis plus rapidement que Jayden qui tardait comme à son habitude à entrer dans le moule et à aller au culot histoire de faire connaissance.

Le soleil se couchait, avachi sur son bureau, devant son ordinateur qui venait de s'éteindre sans qu'il ne s'en rende compte tellement il était ailleurs, il se décidait à envoyer un message à sa sœur. Ce soir, la solitude le pesait. Corrigeant les copies de partiels, il déprimait face au pessimisme de certains élèves face à la vie, ou du moins face à la mort. Or s'il déprimait, il savait parfaitement qu'il ne dormirait pas cette nuit. La bouteille de whisky avait été bien entamée ce soir, le paquet de cigarettes également. Il était loin d'être saoul, à croire qu'il devenait hermétique à l'alcool, tellement habitué. S'en était quasi inquiétant: son foie devait être imbibé, ses poumons noircis, ses neurones noyés. Au bout d'une heure à attendre que sa sœur ne réponde, à faire les quatre cents pas, à même faire des pompes -ce qu'il ne faisait jamais- il se décidait à aller chez elle. Il arriverait à l'improviste, comme elle aimait le faire car elle savait qu'il était seul chez lui or elle ne vivait pas seule. Sa meilleure amie partageait les lieux, et il était difficile pour Jayden de ne pas se sentir gêné lorsqu'il était en sa présence. Elle était une interdiction attirante, elle représentait un pêché, un danger, bref tout ce qui pouvait le rendre dingue d'elle. Elle avait cette froideur, cette distance qu'elle conservait alors que ses yeux contredisaient tout ce que ces gestes voulaient dire. Même si complètement détaché face aux sentiments qu'il pouvait ressentir face à quiconque, cette distance qu'il voulait garder lui aussi, ses gestes nerveux, ses sourires charmeurs ou encore ses phrases à double sens le trahissaient sans même qu'il ne s'en aperçoive. Au volant de sa voiture, il se garait alors qu'il n'apercevait pas la voiture de sa sœur, seule celle de Siobhàn était là. Dubitatif, il se tentait quand même à aller frapper. La pluie tombait, et en traversant seulement la route pour être abrité sous la véranda ouverte, il en était trempé. Ses cheveux lui tombaient merdiquement sur le visage, alors il les mettaient en arrière et tentait de les sécher avec sa seule main. Il frappait même s'il y avait une sonnette parce qu'il avait ce truc avec ses sonnettes, il ne les supportaient pas. C'était bizarre comme réaction, mais c'était Jayden. Son estomac se nouait car il sentait que ce ne serait pas Maëlys qui viendrait ouvrir la porte mais Siobhàn, il en jubilait d'avance et espérait secrètement que sa sœur ne soit vraiment pas là.

Vivre désormais avec quelqu'un était plus riche en rebondissement que je ne le pensais. Peut être était ce parce que je vivais avec Maelys ? Sa vie n'était pas calme du tout, à croire qu'elle ne se déchargeait jamais, et à vrai dire, je l'avais vu rarement dormir. Elle était réveillé quand je me levais, et faisais encore je-ne-sais-quoi quand j'allais me coucher. Et pourtant elle ne manquait pas d'énergie. J'étais pantouflarde en ce moment, et ce n'était pas chose facile avec Maëlys. Je me souviens même une fois, où elle avait frôlé la crise cardiaque, alors qu'elle rentrait chez nous, qu'elle m'avait retrouvé, avachie sur le canapé regardant la télé tout en dévorant une pizza avec une bière. Je me souviendrais toujours son regard d’effroi comme si j'étais en train de découper un corps. Aussitôt elle m'avait pris le bras, m'avait obligé à m'habiller correctement pour sortir. Mais le prie de tout ça, est qu'il était réellement impossible de lui dire non. Parce qu'elle utilisait soit la force, soit son regard tellement mignon qu'on ne pouvait rien lui refuser, soit son regard noir qui donnait l'impression qu'elle avait sortir une hache derrière son dos, et vous découpez en morceau. je vivais donc à son rythme, m'offrant des moments de tranquillité quand elle était de sortie.

Cette nuit là, j'avais feint d'être malade, et miraculeusement Maëlys m'avait laissé tranquille, et était aller rejoindre des amis seules. Jubilant j'avais revêtu un short, et une brassière, avant de m'échouer sur le canapé. J'avais remarqué que Maëlys avait posé un cadre photo d'elle et sa famille sur la table basse. Je le saisis tout en souriant. il formait une si belle famille. Sans le vouloir, mon regard fixait le frère de celle ci, qui se trouvait également être mon professeur, Jayden. Mon coeur tambourinait à chaque fois que je le croisais. je ne pouvais m'en empêcher, il était irrésistible à mes yeux. Je savais que je ne le devais pas, mais je crois que cela rendait encore plus tentant. j'entendis frapper à la porte, reposais le cadre, et allais ouvrir. Surprise de voir jayden, mes yeux s’écartèrent, et je mis quelque seconde à savoir à nouveau comment parler. que devais je dire ? il était sûrement venu voir sa sœur, c'était d'ailleurs sûr. « oh jayden, salut. euh.. tu es venu voir Maëlys ? » bafouillais je. calme toi. me répétais je. C’était impressionnant comment je pouvais perdre tout contrôle, mais il fallait dire qu'il était particulièrement beau ce soir. « Elle est sortie mais je suis sur qu'elle va pas tarder. tu veux entrer ? » lui souriais je.